Infos sourcées - "santé globale" : environnement, biodiversité, climat, santés humaine et animale

plan GCO echangeur nord 01Où l'on apprend que...

  • l'échangeur GCO / A4 au nord de Strasbourg remplacerait 20 hectares d'une forêt multi-centenaire à un endroit où la nappe phréatique est particulièrement proche de la surface
  • l'Etat a donné deux dérogations : une à la loi sur l'eau et une autre à la protection des espèces
  • l'Etat a donné son accord sur les plans de l'échangeur sans que soient étudiées toutes les solutions alternatives à moindre impact sur l'environnement
  • l'Etat a donné son accord de détruire la forêt avant d'être sur que les compensations environnementales soient possibles
  • des citoyens demandaient "d'attendre les décisions de justice avant de détruire"
  • l'Etat leur a opposé des gardes mobiles pour protéger le "rasage" total de 8 hectares de forêt (par Vinci) en 2 semaines
  • les "12 hectares SANEF" attendent la signature de la Ville de Strasbourg

 

plan GCO echangeur nord 01Au nord de Strasbourg le projet GCO (Vinci) prévoit un échangeur avec l'autoroute A4 (SANEF) dont la création est divisée en 2 sous-projets :

  • un accord Etat-Vinci pour la construction des voies jusqu'à l'échangeur (via la commune de Vendenheim)
  • un accord Etat-SANEF pour les bretelles de l'échangeur.

L'analyse de l'impact environnemental total est rendu particulièrement complexe par le fait que le projet soit ici en deux parties.

Néanmoins, l'Etat doit s'assurer pour chaque sous-projet que Vinci et la SANEF :

  • ont mesuré tous les impacts environnementaux de plusieurs plans possibles pour cet échangeur 
  • ont choisi pour tracé définitif (celui proposé dans leur dossier) la solution qui a le moins d'impact sur l'environnement
  • ont porté à la connaissance des enquêteurs et du public, un exposé détaillé compréhensible de l'impact total (et de ce à quoi ils s'engagent pour les "compenser", point par point)

Comme le soulignaient la Commission d'enquête publique de juin 2018 (voir ses conclusions) et plusieurs avis du MRAe en 2017, ça n'a pas été le cas.

L'Etat a néanmoins donné son accord pour la construction de l'échangeur selon le tracé proposé (voir les autorisations signées par le Préfet du Bas-Rhin fin août 2018) sans garantie sur la faisabilité des "compensations environnementales".

Pourtant, l'endroit est très particulier...

plan GCO Alsace nappe phreatiqueA l'endroit de l'échangeur proposé par Vinci / SANEF, se trouve une forêt multi-centenaire (la forêt du Krittwald), plongeant ses racines dans la nappe phréatique particulièrement proche de la surface à cet endroit.

Risque sur l'eau

De façon générale, le projet du GCO a du proposer en de nombreux endroits de son parcours, des tracés en viaduc ou en voies surelevées (sur de longs talus artificiels dont la création fait partie du projet) du fait de la grande proximité de la nappe phréatique (qui alimente en eau potable une grande partie des foyers Alsaciens).

plan GCO echangeur nord 02 risque inondationIl n'en reste pas moins que l'eau "lave" les voies de circulation et qu'au niveau de Vendenheim, l'autoroute A4 est "à même la plaine". Or la zone est inondable (aires en bleu sur la carte).
Au risque d'aléa de circulation (en cas d'inondation par remontée de nappe) s'ajoute donc un risque supplémentaire de pollution pour la nappe phréatique au niveau de cet échangeur.

Impact sur la faune et la flore

L'analyse de l'impact total sur la faune et la flore est rendu particulièrement complexe par le fait que le projet soit ici en deux parties.

Vinci et la SANEF ont-ils mesuré tous les impacts environnementaux de plusieurs plans possibles pour cet échangeur ? Ont-ils choisi pour tracé définitif (celui proposé dans leur dossier) la solution qui a le moins d'impact sur l'environnement ? Les mesures de "compensation environnementale" feront-elles l'objet d'un suivi qui permette une appréciation de leur efficacité ?

Impossible de l'affirmer puisque - comme le soulignait la Commission d'enquête publique -  le "découpage du dossier (saucissonnage) au niveau de l’échangeur nord nuit à l’appréciation réelle des incidences environnementales" et "augure surtout de difficultés futures pour le suivi de la mise en œuvre des mesures retenues".

Malgré ces risques et ces "flous", le projet a été autorisé, après avoir obtenu deux dérogations environnementales de la part de l'Etat :

  • une dérogation à la loi sur l'eau
  • une dérogation à la protection des espèces

Un tracé qui implique d'abattre 20 hectares de forêt

L'Etat n'ayant pas exigé que VINCI et la SANEF démontrent qu'il était impossible d'opter pour un autre tracé qui aurait moins d'impact environnemental, l'échangeur nord signifie la perte environnementale de 20 hectares d'une forêt dont les chênes multi-centenaires servaient de refuge à de nombreux animaux, dans un écosystème complexe.

Il faudrait néanmoins que les dossiers de VINCI et de la SANEF garantissent que cette perte sera compensée. Ce n'est évidemment pas chose facile et la décomposition du projet

  • "une partie d'échangeur" pour la SANEF
  • "l'autre partie d'échangeur + toutes les voies GCO" pour Vinci

rendent extrêmement difficile l'appréciation des compensations proposées par Vinci à l'endroit particulier de l'échangeur nord.
Mais Vinci a obtenu une "autorisation unique", pour tout le tracé du GCO, elle s'estime donc autorisée à raser "ses" 8 hectares de forêt (voir plus bas).

La SANEF, elle, pour déposer son rapport environnemental exposant ses "mesures compensatoires", a du "appeler à l'aide" plusieurs communes et leur racheter des terrains. Or sans même entrer dans le détail des impacts et de leurs compensations point par point, certaines mesures compensatoires présentées semblent étonnantes.

La zone n'ayant pas d'équivalent, l'idée d'une partie des mesures compensatoires est de la "reproduire" ailleurs (voir les annexes de l'autorisation préfectoral à la SANEF) en apportant terre spécifique et autres essences d'arbres sur des zones de la forêt (à sol sec, non inondable) un peu plus au nord.

Ainsi, dans le dossier SANEF, une partie des 12 hectares de forêts à détruire sont compensés via le rachat de parcelles de forêt aux villes d'Haguenau et de Strasbourg pour y "créer une forêt similaire à celle détruite par la bretelle".

Petit détail... ces deux villes n'ont pas encore donné leur accord : Haguenau a signifié dans une délibération de novembre 2017 qu'elle considère que c'est à Brumath (où se trouve en partie l'échangeur) de céder 3,8 hectares de forêt à la SANEF et la ville de Strasbourg a reporté à octobre 2018 sa décision de vendre des parcelles qui lui appartiennent en forêt de Brumath.

Ainsi...

  • la compensation de la destruction d'une forêt serait une "transformation" de parcelles boisées qui existent déjà...
  • leurs propriétaires actuels n'ont pas encore dit "oui"...
  • mais les autorisations de détruire ont été données par l'Etat en faisant "comme si"

Notons ici que SANEF a pour l'instant "suspendu" la coupe : les arbres des "12 hectares SANEF" sont encore debouts.
 

Vinci et la politique de la terre brûlée

plan GCO echangeur nord 03 AP autorisations deboisement Vinci a commencé à couper allègrement "ses" hectares de la forêt du Krittwald (en jaune sur ce plan) sitôt l'autorisation donnée par le Préfet (arrêtés préfectoraux disponibles en PDF là).

L'entreprise a déjà fait raser 8 hectares à Vendenheim, malgré les recours en justice par l'association Alsace Nature, donc sans certitude qu'un échangeur se fasse bien à cet endroit-là.

Elus et citoyens ont demandé au Préfet et au gouvernement d'attendre les décisions de justice avant d'entamer réellement les travaux...

Le syndicat des avocats de France a rappelé qu'il est interdit de mener des travaux irréversibles tant que des actions sont en cours...

Rien n'y a fait. Malgré la présence de citoyens s'opposant à cette destruction hative, il aura suffi de quelques jours, avant que la justice ne rende ses décisions sur la légalité du projet, pour que 8 hectares de forêt soient transformés en terrain vague... sous la protection de gardes mobiles venus garder le chantier à la demande du Préfet.

 

L'abattage des arbres commence le 11 septembre au matin.
2018 09 11 GCO Vendenheim abattage

Les citoyens sont tenus à l'écart pendant toute la durée des abattages.
2018 09 11 GCO Vendenheim abattage gm
Personne ne peut accéder au "chantier".
Même l'huissier de l'association Alsace Nature sera empêché une heure durant de rentrer sur la zone, alors que l'huissier de Vinci est entré sans problème.

Un témoin raconte "une rangée d'arbres avait été laissée intacte, formant un rideau de branches à l'avant. On voyait des bras d'engins lever des troncs à l'arrière. Et puis, le rideau est tombé : il ne restait plus rien..."

10 jours plus tard, il reste ça...
(notez le panneau "attention au feu" visible également sur la 1ère photo...)
2018 09 22 GCO Vendenheim Krittwald IMG 9730

Partout, la terre est à nu, sèche, creusée de traces des pneus des énormes engins qui ont balafré pendant des jours ce qui fût le sol d'une forêt...
2018 09 22 GCO Vendenheim Krittwald IMG 9768

Ici et là, l'une des justifications officielles des "travaux préparatoires" : des godets de pelleteuse ont raclé la terre en quête de vestiges archéologiques.
2018 09 22 GCO Vendenheim Krittwald IMG 9763

2018 09 22 GCO Vendenheim Krittwald IMG 9754 Ce "sondage" nécessitait-il que tout soit rasé avant même d'avoir la certitude qu'un échangeur d'autoroute se fera là ?

C'est un autre "mystère" de ce chantier, incompréhensible pour le commun des mortels : les travaux de réalisation finale sont dissociés des travaux de phase préparatoire... Une fois l'autorisation donnée, des "préparatifs" peuvent se poursuivre même si les travaux de réalisation sont suspendus administrativement par la justice, c'est-à-dire sans être sur qu'il y a bien un chantier final à préparer...

2018 09 22 GCO Vendenheim Krittwald IMG 9778 Légalement (comme l'a rappelé le Syndicat des avocats de France), il est interdit de faire des "travaux préparatoires irréversibles". Mais ici comme à l'autre bout du projet GCO où l'autorisation de faire le viaduc prévu à Kolbsheim a été suspendue, des hectares de forêt ont été détruits avant la fin des recours en justice, sous protection de l'Etat...

Sur le tronc arraché d'un chêne centenaire (j'ai compté les anneaux), quelqu'un a écrit : "cet arbre a vu naître tes ancêtres"...

Et "au milieu de nulle part", un vestige : cette parcelle de forêt abritait un parcours-santé...

2018 09 22 GCO Vendenheim Krittwald IMG 9773

 

 

Ces photos ont été prises le samedi 22 septembre 2018, lors du rassemblement "Aux arbres citoyens".

  
 

Sciences participatives

Infos "repères"

Infos en cartes

Infos en vidéo

Livres

A lire ailleurs

Qu’est-ce que l’écologie scientifique ?

Comme toute science, l’écologie scientifique a le monde qu’elle prétend étudier qui lui colle à la peau. Cela n’invalide pas la scientificité de l’écologie mais, au contraire, confirme que l’écologie scientifique n’est pas différente des autres activités scientifiques. L'écologue doit assumer le fait que les interactions du monde vivant qu’il étudie sont elles-mêmes en interaction avec d’autres sphères, qu’elles soient éthique, politique ou citoyenne.

logo sciences critiques à lire sur sciences-critiques.fr

More articles [EN]

Think twice about roof racks: added items cost you as much as +25% in gas

england 150397 pixabay mini While you get ready to hit the road this summer, think twice before hitching a roof racks to your car: added items cost you as much as 25% more in gas! In US, the increasing usage of roof racks (+200% in 2040) may turn into a real concern: they already are responsible for almost 1% of fuel consumption.
Lawrence Berkeley National Laboratory researcher Alan Meier and Yuche Chen of the National Renewable Energy Laboratory have estimated the fuel consumption penalty of roof racks.

Lire la suite...

A lire ailleurs

Créer de nouvelles routes peut créer plus de bouchons

Les embouteillages sont un véritable fléau pour nos métropoles modernes. Ils ont un coût exorbitant, pour l'environnement et en temps de travail perdu. Une étude du cabinet britannique CEBR estimait qu'en 2013, en France, ce coût à 3,88 milliards d’euros. Créer de nouvelles routes ou élargir les routes existantes paraît une solution "logique" mais l’expérience a montré qu'augmenter la capacité du réseau routier peut conduire à plus d’embouteillages : c’est le fameux paradoxe de Braess.

logo breves de maths à lire sur breves-de-maths.fr