L'Afrique sub-saharienne risque de perdre 30% de ses récoltes en 2050, à cause des dérèglements climatiques. Mais cette région a aussi la ressource de transformer son économie pour diminuer la pauvreté et l'impact de cette menace qui pèse sur elle.
C'est ce qui ressort d'un rapport de New Climate Economy et de Overseas Development Institute qui propose aux dirigeants concernés 5 voies "pour aller dans le bon sens".
L'Afrique sub-saharienne se tourne vers une économie différente favorisant la productivité et le développement des secteurs de l'industrie et des services, plus rentables que l'agriculture.
Mais malgré une croissance économique annuelle de près de 5% entre 2000 et 2015, près de 400 millions de personnes y restent en situation d'extrême pauvreté.
Le projet New Climate Economy a montré que la croissance économique sub-saharienne peut être une croissance verte, qui profiterait à l'ensemble de la société et à la préservation de l'environnement.
Pour aller dans ce sens, son récent rapport Africa’s New Climate Economy: Economic Transformation and Social and Environmental Change détaille 5 champs d'action spécifique pour les 10 années à venir.
1. Progresser dans les droits fondamentaux
Pour rendre sa transformation économique plus durable et plus profitable à tous, la région doit s'assurer une stabilité financière, un accès aux marchés financiers et améliorer la gestion de ses abondantes ressources.
Cela signifie par exemple, recentrer les politiques sur les besoins des populations, améliorer l'efficacité des budgets publics, diminuer la corruption et rendre prioritaires l'éducation, la santé publique et l'égalité des sexes.
2. Transformer l'agriculture et l'utilisation des sols
Un faible rendement et une croissance démographique importante ont augmenté la surface de terres utilisées pour nourrir les populations.
Cette pression foncière a contribué à une déforestation importante et augmenté la vulnérabilité de la région aux dérèglements climatiques.
Privilégier des cultures adaptées à la région et améliorer les rendements agricoles de façon écologique permettrait - en plus de mieux satisfaire la demande locale - d'augmenter les productions (et donc les revenus des fermiers) tout en diminuant l'impact environnemental et en renforçant la résistance des cultures aux modifications du climat.
3. Développer les secteurs productifs
Les pays sub-sahariens ont la capacité de développer des secteurs manufacturiers et d'augmenter leurs exportations (qui représentent actuellement moins de 1% en part de marché mondial).
Cela nécessite notamment de développer au préalable des infrastructures routières et électriques.
4. Modifier les effets de l'urbanisation
D'ici 2050, les villes sub-sahariennes compteront presque 800 millions de citadins supplémentaires (soit la moitié de l'augmentation mondiale de citadins).
Or cette évolution de la population urbaine a été peu prise en compte dans les politiques jusqu'ici.
Et l'augmentation des populations urbaines n'a pas été accompagnée de la transformation adéquate et a conduit à un étalement urbain qui a intensifié l'empreinte écologique de la région au-delà de ce que représente la seule croissance démographique.
On observe donc dans de nombreuses villes, des embouteillages impressionants, une mortalité routière importante, une pollution de l'air grandissante et une émission de gaz à effets de serre croissante.
Une évolution vers des villes plus compactes et mieux aménagées permettrait donc de rendre l'urbanisation plus productive, plus inclusive et moins polluante.
5. Encourager la transition énergétique
La transformation économique de l'Afrique sub-saharienne passe notamment par un accroissement de l'offre énergétique.
Actuellement, la consommation électrique par habitant représente 17% de la moyenne mondiale et 620 millions d'habitants n'ont pas accès à l'électricité.
Mais l'Afrique sub-saharienne a tous les atouts pour augmenter sa puissance énergétique de façon efficace et écologique.
D'abord parce qu'elle a des atouts naturels pour plusieurs types d'énergie renouvelables, avec une capacité de 1 100 gigawatts (GW) pour le solaire, 350 GW pour l'hydro et 109 GW pour l'éolien.
Ensuite, elle prend ce tournant à un moment où les technologies sont devenues plus matures et plus efficaces qu'auparavant.
Source
Africa’s New Climate Economy: Economic Transformation and Social and Environmental Change