Dans une publication en date du 15 mai 2018 (dans les Archives de pédiatrie), des chercheurs de l'INSERM alertent sur la pollution aux particules fines.
Les risques de naissances d’enfants accusant un retard de croissance sont pour partie liés à cette pollution atmosphérique.
Et cela a déjà des répercussions sur la santé des futures générations... avec - à ce jour - un coût de 1,2 milliard d’euros par "année de naissance" !
Etude épidémiologique
Les chercheurs de l’équipe INSERM d’épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires (EPAR) ont analysé les données sur les risques de naissances d’enfants accusant un retard de croissance liés à la pollution atmosphérique.
Car - s'il est établi que la pollution a des conséquences sur la santé des individus - les femmes enceintes y sont particulièrement vulnérables et l'exposition à la pollution lors de la grossesse peut entrainer des retards de croissance intra-utérine.
En France métropolitaine, en 2012, 2,3% d’enfants sont nés avec un poids à la naissance inférieur à 2,5 kg bien qu'étant arrivés à terme (on parle d'hypotrophie).
Et les chercheurs estiment que pour la moitié d'entres eux, cela était du à l’exposition de la mère aux particules atmosphériques (PM2,5) pendant la grossesse.
Or l'hypotrophie des 8 300 nouveaux-nés ainsi recensés entraîne par la suite de nombreuses conséquences sur le développement avec, pour certains enfants, un important retard de développement intellectuel.
L’équipe de chercheurs s’est donc aussi intéressée aux coûts associés à la prise en charge de l’hypotrophie.
Un coût à l'échelle d'une vie
Dans un premier temps, il faut compter le montant de la prise en charge à la maternité de l’hypotrophie à la naissance : les chercheurs l’ont estimée à 25 millions d’euros.
Ce à quoi il faut ajouter qu’un quart de ces enfants hypotrophes aura des retards moteurs ou intellectuels de développement.
La prise en charge de ces enfants sur l’ensemble de leur vie coûte donc 1,2 milliard d’euros pour les naissances d'une année.
Et, à ce jour, si les implications médicales sont supportées par l'ensemble de la société - les pouvoirs publics finançant les structures de soin et la prise en charge médicale - il reste des coûts complémentaires à l'entière charge des familles, individuellement, puisque ces enfants peuvent impliquer ensuite garde à domicile, absentéisme parental, besoin d'éducation spécialisée,…
Des solutions ?
En première "action d'urgence", les chercheurs proposent de mettre en place des mesures de santé publique pour protéger les femmes enceintes (et leurs futurs enfants !) en les informant et en leur recommandant de limiter leur exposition aux particules fines lors de pics de pollution....
Mais cette étude tire un nouveau signal d'alarme :
il est grand temps de mettre en place de vraies politiques d’amélioration de la qualité de l’air !
En attendant...
Les indices de pollution de l'air sont un reflet de l'ensemble des polluants au niveau du sol.
Mais ils peuvent être consultés, polluant par polluant, chaque jour sur des sites d'observation (et de prévision) comme :
- prevair.org pour la France métropolitaine
- Copernicus - Atmosphere monitoring Service pour le monde entier
Sources :
Pollution atmosphérique en France, un impact sur la santé du fœtus et un coût de 1.2 milliard d’euros pour la société
Publication Archives de Pédiatrie - Volume 25, Issue 4, May 2018, Pages 256-262
Cost of hypertrophy due to intrauterine growth restriction attributable to air pollution in France
(Coûts de l’hypotrophie par retard de la croissance intra-utérine (RCIU) attribuable à la pollution atmosphérique en France)