Des chercheurs ont étudié le climat qui était présent sur Terre il y a 55 millions d'années en étudiant des minéraux présents dans des sols très anciens.
Et même si le taux record de dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère du Paléocène n'est pas encore égalé, nous nous en approchons.
Ce "vieux climat" pourrait donc donner une idée de ce que nous nous préparons comme climat dans quelques dizaines d'années : (très) chaud et (très) humide.
Etudier le passé pour savoir à quoi ressemblera l'avenir ?
Et bien oui ! Car le climat qui régnait il y a 55 à 57 millions d'années régnaitsous un taux record de dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère... et on se dirige vers des valeurs assez comparables.
À cette lointaine époque, l'ère géologique du Paléocène s'achevait et faisait place à l'Éocène, dans une atmosphère inondée par le gaz à effet de serre qu'est le CO2 : sa concentration atteignait 1 400 à 4 000 ppm (parties par million). La surface de la Terre était un gigantesque hamam : chaud et humide ! Et, naturellement, sans aucune glace sur les pôles.
Cela pourrait bien préfigurer la façon dont notre climat peut évoluer : alors que les niveaux de CO2 atmosphérique étaient de 280 ppm avant l'ère industrielle, ils sont aujourd'hui de 412 ppm... et pourraient atteindre 1 000 ppm d'ici la fin du siècle du fait de l'activité humaine. Cette "ressemblance" à venir donne donc une vision intéressante sur la tendance de l'évolution de notre climat.
Un "vieux climat" trahi par les pierres
Des chercheurs de Suisse, des États-Unis et du Royaume-Uni ont étudié de minuscules minéraux de sidérite prélevés dans les sols dans de marécages fossiles, qui aujourd'hui ne se trouvent souvent qu'à plusieurs kilomètres sous la surface de la Terre. En utilisant la collection de sidérites de l'un des co-auteurs de l'étude, les chercheurs disposaient d'échantillons provenant de treize endroits différents de l'hémisphère nord, de l'équateur aux régions polaires. Or ces minéraux de sidérite se forment dans un sol très peu oxygéné (tel qu'on le rencontre sous une végétation dense, dans les marécages qui étaient abondants le long des côtes chaudes et humides au Paléocène et à l'Éocène) et donnent des informations sur les tempature et humidité ambiantes.
Leur étude, publiée dans la revue Nature Geoscience, montre qu'il y a 55 millions d'années, à l'équateur (là où se trouve aujourd'hui la Colombie), la température annuelle moyenne de l'air était d'environ 41 °C et en Sibérie arctique, il faisait une moyenne de 23 °C en été.
Mais la sidérite trahit aussi le taux d'humidité... et elle était bien plus élevée au Paléocène et à l'Éocène qu'aujourd'hui, avec une circonstance agravante : la vapeur d'eau restait plus longtemps dans l'air car l'humidité augmentait plus vite que l'évaporation et les précipitations.
Bref : un sauna !
Sources :
Publication Spatial pattern of super-greenhouse warmth controlled by elevated specific humidity de Van Dijk J, Alvarez F, Bernasconi SM, et al. Nature Geoscience. 26/10/2020.