Moins célèbre que le dioxyde de carbone (CO2) extrêmement néfaste pour le maintien de notre climat terrestre actuel car il agit sur de longues périodes, le méthane (CH4) n'en est pas moins un gaz à effet de serre très dévastateur.
Il se fait l'invité surprise d'une conséquence du réchauffement climatique qu'est la fonte des glaces, avec une menace encore plus importante que supposé jusque là : en se liquéfiant, les glaciers du Groenland, relachent aussi des tonnes de méthane dans l'atmosphère !
Que les glaces polaires qui fondent relachent du carbone emprisonné il y a des millénaires, on le savait depuis 2013. Mais une équipe internationale de chercheurs vient de montrer que la quantité potentiellement "relarguable" de méthane dans l'atmosphérique en cas de fonte importante va bien au-delà de ce qu'on imaginait jusqu'à présent : des glaces comme celles du Groenland sont aussi en train de relacher des tonnes de méthane (CH4) dans l'atmosphère. Et c'est là une nouvelle très inquiétante pour l'évolution du climat terrestre.
Pour une étude publiée dans Nature, des scientifiques sont restés pendant trois mois sur les glaces du Groenland et ont analysé l'eau fondue sur plus de 600 km2, en temps réel. Ils ont alors constaté que du méthane provenait de la zone située en dessous de la glace pour se libérer constamment, ensuite, dans l'atmosphère.
Le réchauffement climatique, en modifiant les sols jusque là totalement gelés en surface, provoque donc aussi la libération de gaz carbonés, jusque là piégés. Et libérer ainsi du "vieux carbone" ne sera pas sans conséquences car le méthane (CH4) est le deuxième plus important gaz à effet présent dans l'atmosphère, après le CO2.
lire la fiche "repère" Portrait de gaz à effet de serre : le méthane
Avec une durée de vie de 7 à 11 ans, le pouvoir de nuisance du méthane atmosphérique est, en effet, augmenté par deux faits : il contribue à produire, par réactions chimiques, de l'ozone dans la troposphère et de la vapeur d'eau dans la stratosphère, ce qui augmente le réchauffement global. A lui seul, il est responsable de 20% du réchauffement climatique du aux différents gaz à effet de serre.
Des microbes en nombres sous les glaces
L'auteur principal de la publication scientifique, Guillaume Lamarche-Gagnon, souligne que ces recherches permettent de montrer l'existence et la quantité d'organismes sub-glaciaires : ils y sont actifs et, même s'ils vivent sous des mètres de glace, ils ne font pas qu'y survivre mais peuvent aussi impacter d'autres parties de l'écosystème terrestre.
La plupart des recherches sur les sources de méthane en Arctique se concentrent sur le permafrost car ces sols gelés contiennent de grandes réserves de carbone organique qui peut se transformer en méthane lorsque les sols fondent à cause du réchauffement climatique. Cette nouvelle étude montre que les sous-sols glaciaires contenant du carbone, de l'eau liquide, des micro-organismes et très peu d'oxygène doivent aussi être considérées comme des sources potentielles majeures de méthane en cas de réchauffement.
Une étude à étendre désormais à l'Antarctique où des situations similaires méritent aussi des campagnes de mesure : il faut désormais estimer la quantité potentielle de méthane que représentent ces sources et les intégrer aux projections de concentration atmosphérique en méthane, où elles ne figurent pas encore...
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